Liberté d'expression : oui, mais pas en France

Dans le même sillage que mon post d'hier sur la hantise franchouillarde du vide juridique... Supposez que vous soyez de la bonne gogôôôche bien de chez nous et qu'un jour, emporté par on ne sait quelle euphorie vinassière, vous disiez ou écriviez ceci :

"Je ne nie pas les Goulags communistes homicides. Mais je ne suis pas spécialiste de cette question et je pense qu'il faut laisser les historiens en discuter. Et cette discussion devrait être libre".

Vous provoqueriez à peine quelques haussements d'épaules ("lisez Soljenitsyne mon vieux !"). Vous pourriez même trouver (en France) des adeptes de votre point de vue, qui vous expliqueraient que vous avez raison d'avoir l'esprit critique, que finalement le Goulag, ça n'était pas mal pour rééduquer l'ennemi de classe (le riche, le contestataire, l'entrepreneur...), voire pour l'éliminer s'il était irrécupérable. Quoi qu'il en soit, vous avez exercé votre liberté d'expression - sans doute pas à bon escient, mais même la bêtise devrait avoir le droit de s'exprimer. C'est d'ailleurs un excellent moyen de repérer ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l'ouvrir, tels un Georges Frêche qui traite les harkis de sous-hommes et le pape d'abruti.

Remplacez maintenant "les Goulags communistes" par "les chambres à gaz". Eh bien, avec une telle affirmation, en France, vous êtes bon pour 3 mois de prison avec sursis, 5000 euros d'amende et 55000€ de dommages et intérêts à diverses parties civiles, promptes à recueillir la manne judiciaire. C'est ce qui est arrivé à Bruno Gollnisch. La police de la pensée à la mode 1984 veille et ne tolèrera pas le délit de "pensée-crime". Le "vide juridique" (qui n'est ici pas autre chose en fait que l'exercice d'une liberté fondamentale) n'existe plus : on a créé à la place un gouffre d'iniquité dans lequel on peut précipiter à loisir tous les opposants, tous les déviants et tous les anticonformistes. Taisez-vous et restez sots (de gais sots, bien sûr).

Inutile de dire, pour bien préciser les choses, que 1) je ne partage pas les idées politiques de Mr Gollnisch ; 2) en tant que libertarienne, je suis pour une liberté d'expression absolue, limitée uniquement par les droits de propriété légitimes. Cet article de Wikiberal exprime tout à fait ma pensée : liberté d'expression.